Bouteilles en plastique : volume et impacts
La bouteille plastique (pour eaux et boissons) est l’un des produits les plus vendus en France.
- 14,6 milliards de bouteilles en plastique mises sur le marché en France par an, soit 215 bouteilles par an et par Français ; la bouteille plastique représente quasiment la moitié de l’emballage alimentaire plastique des ménages.
- Les 15 produits les plus vendus en supermarché sont très majoritairement des boissons en bouteilles plastiques, avec une forte représentation des marques Cristalline et Coca Cola.
Les impacts de la bouteille plastique sont nombreux.
- 1er déchet plastique à usage unique retrouvé sur les plages européennes,
- Une empreinte carbone 2023 fois plus élevée pour 1 litre d’eau en bouteille plastique versus 1 litre d’eau du robinet ; l’ « empreinte eau » est double et génère des conflits locaux autour des nappes phréatiques.
- 240 000 microplastiques pour un litre d’eau embouteillée et des contaminations, avec des risques sanitaires potentiels. Le manque de contrôles et de transparence du secteur a récemment été mis en lumière. Or, l’eau en bouteille est en moyenne 200 fois plus chère que l’eau du robinet.
Une Loi AGEC ambitieuse, mais affichant un retard majeur
La loi AGEC (Anti-Gaspillage pour l’Économie Circulaire) prévoit en effet :
- un objectif de zéro plastique à usage unique en 2040, tout type d’emballages et d’objets confondus.
- une réduction de 50% des bouteilles en plastique mises sur le marché en 2030 par rapport à l’année 2018. Il s’agit de passer de 14,6 milliards de bouteilles à 7,3 milliards en 2030.
Or, l’ADEME a constaté une augmentation de 4% des bouteilles en plastique sur l’année 2022, à rebours de l’objectif de réduction de la loi. Et les mesures sensées permettre une réduction restent peu appliquées et contrôlées (cf le déploiement des points d’eau dans les établissements recevant du public (ERP) avec seulement 25% des établissements équipés et une signalétique insuffisante).
Le programme « Objectif zéro bouteille plastique » : de l’obligation aux solutions
L’association No Plastic In My Sea et ses partenaires, ont souhaité initier le programme « Objectif zéro bouteille plastique » pour mobiliser les acteurs professionnels et les consommateurs sur la réduction des bouteilles plastiques, en les accompagnant.
Lancé le 22 avril, à l’occasion de la journée de la Terre et de la 4ème session de négociations du traité international (Ottawa, du 23 au 29 avril), le programme repose sur un site internet qui s’adresse aux entreprises, aux acteurs professionnels utilisateurs de bouteilles plastiques (événementiel, restauration…), aux consommateurs et aux touristes.
Il concentre toutes les informations utiles et les ressources pratiques pour éviter le recours aux bouteilles plastiques.
- 177 solutions professionnelles et grand public sont référencées pour s’hydrater sans plastique et sans emballage à usage unique dans de nombreux contextes : multiples modèles de fontaines, solutions d’aromatisation, gazéification, filtration, réemploi… Un moteur de recherche permet de filtrer les solutions par public et catégorie.
- une cartographie, en français et en anglais, de 20 000 points d’eau appelée à grossir en fonction des installations attendues des ERP retardataires.
- des ressources (signalétique, qualité de l’eau…) disponibles pour accompagner les acteurs et répondre aux interrogations légitimes.
- un compteur des bouteilles évitées, qui affiche déjà 1,3 milliard de bouteilles plastiques évitées sur un an grâce aux solutions des partenaires, chiffre appelé à augmenter suite aux actions de communication prévues et à la mobilisation attendue.
15 associations (Surfrider Foundation, Zero Waste France, Tara, Réseau Vrac et Réemploi…) et 15 personnalités (Emma Haziza, Julia Faure, Frédéric Mazella, Arthur Levaillant…) soutiennent également le projet et la dynamique de réduction de bouteilles plastiques qu’il propose.
zerobouteilleplastique.org
Appel à faire rayonner l’hydratation « zéro bouteille plastique » à l’occasion des prochains Jeux Olympiques
La réduction des plastiques à usage unique est inscrite dans les objectifs environnementaux des Jeux Olympiques, mais le sponsorship de Coca Cola (premier pollueur plastique au monde) et le retard pris sur le déploiement des points d’eau interrogent sur notre capacité à créer une rupture dans l’hydratation sur un événement qui va accueillir des millions de personnes. Le site Objectif zéro bouteille plastique décline une version anglaise de la cartographie des points d’eau sur une adresse directe – watermap.fr -et propose une signalétique compréhensible par tous.
Nous appelons les ERP et acteurs majeurs des JO à déployer avant l’été les points d’eau manquants, à les signaler de manière visible, à autoriser les gourdes et à relayer l’information sur la qualité de l’eau en France et sa disponibilité.
La réduction de la production de plastique, un axe fort de la position de la France dans le cadre des négociations du traité international contre la pollution plastique
La France et l’Europe portent une position ambitieuse qui intègre l’ensemble du cycle de vie des produits plastiques et stipule que la réduction de plastique vierge est nécessaire. Suite aux fortes réticences de certains pays dans le cadre de la dernière session de négociations, les associations françaises ont écrit au gouvernement pour demander un maintien de cette ambition.
Cet objectif de réduction attendu nécessitera de réduire drastiquement certains plastiques à usage unique, en tenant compte de leur volume et des pollutions générées ; et on peut s’attendre à un questionnement fort sur la bouteille plastique.
L’ONU a d’ailleurs rappelé dans un rapport de 2023 que le marché de l’eau en bouteille a augmenté de 73% au cours de la dernière décennie et que 350 milliards de litres d’eau sont vendus chaque année, ce qui génère un accroissement considérable des déchets plastiques. Le rapport souligne que les procédés et modes de stockage peuvent nuire à la qualité de l’eau embouteillée.
Enfin, il dénonce le fait que l’expansion de l’eau en bouteille ralentit les progrès pour l’accès de tous à l’eau potable, « détournant l’attention et les ressources du développement des systèmes publics d’approvisionnement en eau ».
Contacts presse
- Michael Luzé : 06 63 63 40 08
- Muriel Papin, No Plastic In My Sea : 06 07 14 76 02