Pour la France, c’est le groupe Philip Morris qui apparaît en première position.
Coordonné par le mouvement Break Free From Plastic au plan mondial, le 5ème audit de marques de la pollution plastique (plastic pollution brand audit) démontre que Coca-Cola, PepsiCo et Nestlé sont les premiers responsables de cette pollution, dans un rapport pluriannuel. En France, 15 ramassages de déchets ont été réalisés selon la méthodologie mise en place par Break Free From Plastic. Ils mettent en évidence une pollution plastique (en unités) majoritairement due aux mégots de cigarettes[1], devant les bouteilles et emballages de snacking, et désignent Philip Morris (marques Marlboro, Philip Morris, Chesterfield) comme premier pollueur plastique sur le territoire. Ce “brand audit” met en évidence le lien direct entre volume de produits en plastique mis sur le marché et volume des pollutions. À deux semaines des négociations sur le futur traité international sur la pollution plastique, les associations appellent à un texte incluant des objectifs de réduction de la quantité de plastique produite.
5 ans de “brand audit” international et Coca Cola toujours en première position
Depuis 2018, des ramassages de déchets ont été effectués par plus de 200 000 volontaires dans 87 pays pour identifier les entreprises qui sont à l’origine des volumes de déchets plastiques les plus importants et polluent le plus de zones géographiques. Sur les cinq dernières années, Coca-Cola a généré plus de déchets que les deux marques suivantes réunies (PepsiCo et Nestlé).
Le brand audit 2022 a permis de trouver plus de 31 000 produits de la marque Coca-Cola, doublant ainsi le nombre de produits Coca-Cola par rapport à 2018, première année de référencement des marques. Ces résultats sont révélés alors que le premier pollueur est l’un des sponsors de la COP 27 en Égypte. Sachant que 99 % du plastique est fabriqué à partir de combustibles fossiles, le rôle de Coca-Cola dans la COP 27 déconcerte les militants écologistes. Par ailleurs, les engagements volontaires des marques pour réduire les déchets plastiques ne sont pas tenus comme cela a été rappelé par la Fondation Ellen MacArthur et le Programme des Nations unies pour l’environnement. Pour plusieurs entreprises membres du “New Plastics Economy Global Commitment” , l’utilisation d’emballages en plastique a en fait augmenté et le réemploi des emballages a lui baissé.[2]
Compte tenu de l’échec des engagements volontaires de nombreuses entreprises polluantes, le mouvement Break Free From Plastic appelle à un traité mondial sur les plastiques ambitieux et réellement juridiquement contraignant. La première réunion de négociation du traité se tiendra à Punta Del Este, en Uruguay, du 28 novembre au 2 décembre.
A noter, La France est membre de la coalition de “haute ambition” qui appelle notamment à encadrer la production de plastique.[3]
En France, le principe du Brand Audit fait son chemin et met en lumière la responsabilité des fabricants de cigarettes et d’eau et boissons embouteillées
Pour ce 5ème Brand audit, plusieurs associations ont organisé des ramassages sur 15 sites et recensé les marques les plus retrouvées selon la méthode de Break Free From Plastic. Sur les 15 ramassages[4] organisés par plusieurs associations (No Plastic In My Sea, Terre Mer, Objectif zéro plastique, Sum of Us, Zero waste besançon, Zéro waste Nantes, Exxpedition…), 34000 déchets en plastique ont été ramassés, majoritairement des mégots, des bouteilles et des emballages de snacking. Les marques (quand elles étaient visibles) les plus retrouvées sont (classement par groupe) :
- Philip Morris (Marlboro, Chesterfield, Philip Morris) : 8102 déchets ramassés
- British and American Tobacco (Pall Mall, Dunhill, Lucky Strike, Kent, Winfield, Vogue) : 915 déchets ramassés
- Groupe Alma (Cristaline, Saint Yorre, Vichy, Courmayeur) : 87 déchets ramassés
- Coca-cola (Coca, Tropico, Capri sun) : 55 déchets ramassés
- Japan tobacco (Winston, Camel) : 48 déchets ramassés
- Danone (Evian, Volvic, Danone…) : 41 déchets ramassés
- Ferrero group (Kinder, Ferrero) : 31 déchets ramassés
- Haribo et Mars (Mars, M&Ms, Malteser, Balisto…) : 26 déchets ramassés pour les deux groupes
- Pepsi (Pepsi, Lipton, chips Lay’s) : 25 déchets ramassés
- Nestlé (Nestlé, Oasis, Hépar, Vittel, Perrier, San Pelegrino…) : 24 déchets ramassés
Au vu de la récurrence des mégots et bouteilles en plastique lors des ramassages, les associations françaises mobilisées appellent à une application ferme de la loi anti-gaspillage et pour une économie circulaire, notamment :
- la réduction de 40% des mégots jetés à terre entre 2021 et 2027, objectif fixé à l’éco-organisme Alcome, avec une réduction de 20% déjà attendue fin 2024
- la réduction de 50% des bouteilles plastiques mises sur le marché en 2030 par rapport à 2020
[1] Les filtres de cigarettes sont en acétate de cellulose (un plastique)
[2] Voir le communiqué de presse de No Plastic In My Sea sur le rapport de la fondation Ellen MacArthur
[3] Colalition pour un traité de haute ambition sur la pollution plastique : https://hactoendplasticpollution.org
[4] À Anglet, Besançon, Boulogne-Billancourt, Boussières, Carcassonne, Chambray, Dunkerque, Marseille, Montreuil, Nantes, Orléans