Coca-Cola sponsor ‘écologique’ officiel de la COP27 en Égypte

Affiche de la COP27

Vous n’avez sûrement pas raté cette dernière actualité mais si c’est le cas laissez nous vous décrire le contexte. Coca-Cola, le géant américain, sera le nouveau sponsor de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 27), qui se tiendra dans la station balnéaire égyptienne de Sharm el-Sheikh, du 6 au 18 novembre.

Un révélateur de l’impunité des multinationales quant aux enjeux climatiques

Les promesses non tenues de Coca-Cola, plus gros pollueur plastique mondial 

Nous n’inventons rien, Coca-Cola est le plus gros producteur de déchets plastiques dans le monde. Selon les rapports du collectif Break Free From Plastic, l’entreprise est même le plus gros pollueur plastique au monde depuis quatre années consécutives

Avec pas moins de 120 milliards de bouteilles en plastique à usage unique produites chaque année, Coca-Cola est à l’origine de 14 907 105 tonnes d’émissions de CO2 (devant son rival Pepsico et le géant Nestlé), d’après le rapport de l’ONG Greenpeace de 2019.

On sait que 99 % du plastique est fabriqué à partir de combustibles fossiles – contribuant de façon massive au réchauffement climatique – que 8 millions de tonnes de plastique finissent dans nos océans chaque année, et que seuls 9 % des déchets plastiques sont recyclés à l’échelle mondiale. Alors quoi de plus incohérent qu’un sponsor écologique si peu écologique pour un sommet censé tout mettre en œuvre pour maintenir l’objectif de hausse des températures à 1,5°C (Accords de Paris) à l’échelle planétaire ?

Selon le troisième volet du rapport du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (Giec), la baisse de la productiondu plastique est pourtant l’une des conditions essentielles pour tenter de limiter le réchauffement climatique en dessous de 1,5 °C d’ici à 2030, comparé à 1990. Tout comme une réduction drastique du recours aux énergies fossiles, dont est issu 99 %… du plastique produit. 

Le géant américain du soda se dit conscient de l’urgence. La firme assure avoir réduit ses émissions de gaz à effet de serre de 30 % depuis 2010 ; vise 25 % de produits réutilisables d’ici à 2030 et la neutralité carbone dix ans plus tard. Le problème est que la firme a un sacré passif en matière de promesses non tenues d’après le rapport Talking Trash de 2020 de la fondation Changing Markets. 

On apprend dans ce dernier que depuis 1990, la multinationale promet notamment un taux de 25% de plastique recyclé dans ses produits et n’a cessé de reculer et reformuler cette promesse pour n’en arriver qu’à environ 10% de plastique recyclé en 2020. On y apprend également le lobbying intense de la firme, allant à l’encontre de ses déclarations publiques, pour affaiblir les législations de réduction d’utilisation de plastique à usage unique et de mise en place de système de consigne notamment en Afrique, en Chine et aux États-Unis. 

 

Les multinationales sponsorisent les COP mais ne tiennent pas les mesures qui y sont prises !

Coca-Cola n’est pas le seul sponsor gênant. Parmi les autres partenaires de cette COP 27 figurent aussi de gros émetteurs de gaz à effet de serre : la compagnie aérienne EgyptAir, les groupes Vodafone (télécommunications), Microsoft (numérique) et IBM (informatique)… L’an dernier, parmi les dix sponsors majeurs de la COP 26 à Glasgow (Écosse) apparaissaient déjà Microsoft, mais aussi Jaguar Land Rover, Ikea, Unilever… 

En 2015, les entreprises EDF et Engie, Air France ou encore Renault-Nissan, connues pour leurs productions massives de gaz à effet de serre, figuraient aussi parmi les principaux sponsors de la COP 21 à Paris. La France a d’ailleurs elle-même été condamnée deux fois pour ses manquements vis-à-vis de ses engagements de lutte contre le dérèglement climatique, en novembre 2020 et octobre 2021.

Il est évident que ces entreprises doivent être à la table des négociations. Mais comme l’expliquait un rapport d’Oxfam sorti en mars 2021, “Alors que les grandes entreprises sont généralement promptes à communiquer sur leurs engagements écologiques, derrière les effets d’annonces, très peu de mesures sont en réalité prises et réellement menées.” En 2021, seules 3 entreprises du CAC 40 étaient alignées en théorie avec les objectifs de l’Accord de Paris.” Le rapport de Notre Affaire à Tous sorti en juillet 2022 enfonce le clou et démontre qu’une seule multinationale française sur les 27 analysées respecte les engagements climatiques de l’Accord de Paris à l’heure qu’il est.

Comme l’explique Oxfam, la puissance publique doit contraindre les grandes entreprises à engager une véritable transition écologique mais, jusqu’à présent, le manque d’ambition est criant”

Des réformes structurelles de nos politiques climatiques et de nos modes de production, notamment de plastique, sont essentielles pour être en phase avec la trajectoire fixée par l’accord de Paris. Si les COP sont l’instrument politique principal devant permettre d’atteindre ces objectifs, le manque de financement international pour assurer leur neutralité financière est aberrant.  Avons-nous besoin du sponsoring de multinationales, ou d’actions immédiates des gouvernements pour que ces dernières respectent la loi ?

En continuant de sponsoriser les négociations climatiques, les plus gros pollueurs font leur promotion comme s’ils faisaient partie de la solution alors qu’ils sont une majeure partie du problème.

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